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vendredi 1 février 2008

Flaner dans les nombreux Jardins de Marrakech


Marrakech est située dans une grande oasis, au milieu d'une plaine fertile, mais n'est pas traversée par des oueds. Les almoravides ont d'abord utilisé la technique des Khettara, qui permet d'exploiter une nappe phréatique au moyen de galeries drainantes. Les almohades développèrent cette technique et utilisèrent également la dérivation des rivières proches par des grands canaux ou séguias, dont le canal royal Al-Yaqûbiyya sur une distance de 90 kilomètres. Au milieu du XXe siècle, le réseau souterrain des canalisations dépassait encore les 2 000 kilomètres et s'étendait sur un rayon d'une quinzaine de kilomètres autour de la ville. C'est un patrimoine extraordinaire, qui hélas, disparaît…. Une grande catégorie de jardins sur Marrakech est appelée Riyad. Dans le langage courant, ce mot est devenu synonyme d'une maison avec patio, mais étymologiquement, c'est beaucoup plus que cela : riyad est le pluriel de rawd, qui désigne le parc, le jardin, le verger, le cimetière, le tombeau du prophète… Dans le monde hispano-mauresque, riyad sert à désigner le jardin intérieur des palais ou des riches demeures citadines… Et par extension, les bâtiments qui l'entourent. Le riyad respecte un ordonnancement géométrique rigoureux : quatre parterre d'arbres et de fleurs divisés par des allées en croix, avec de l'eau - vasque ou fontaine - au centre. Quand il y a plus d'espace, les quatre parterres multipliés par deux deviennent 8, et ainsi de suite… L'un des plus beaux exemples de riyad, dont on ne voit plus que des ruines, a dû être le palais al-Bâdi, construit à la fin du XVIe siècle par le souverain saâdien al-Mansour à Marrakech.

Les Jardins de Majorelle

Crées en 1924 par le peintre français Jacques Majorelle, il rassemble une impressionnante collection de spécimens végétaux rapportés des quatre coins du monde : cactus, bambous géants, palmiers, citronniers, nénuphars... Chaque "créature" exotique est legendée avec soin. Au fond du jardin, la villa coloniale bleu vif, dit "bleu Majorelle", a accueilli un temps les ateliers du peintre. Rachetée par Yves Saint Laurent dans les années 1960, elle héberge aujourd'hui un petit musée d'art islamique. Ouvert en été : 8h-12 et, 15h-19h ; en hiver : 8h-12h et 14h-17h. Entrée 2ODh.

Les jardins de l'Agdal
Les sources historiques usent essentiellement deux termes avec celui de l'Agdal désigne en fait un même objet : des jardins royaux jouxtant les palais et qui sont généralement divisés en enclos et dotés de remparts. Le terme Agdal a été exclusivement utilisé pour désigner ces jardins à partir du XVIIIème siècle. Pour exister, l'Agdal devait disposer de ressources hydrauliques suffisantes. L'une des premières solutions adoptée fut l'exploitation des nappes souterraines, c'est ainsi que les premières Khettaras furent crées pendant le XIème siècle par les Almoravides. Des techniques plus élaborées ont été crées par les Almohades pour le captage d'eau des oueds de l'atlas ; l'aqueduc impérial dit " Tasoultant ", dérivé depuis la ville d'Aghmat, en constitue un bel exemple. D'après ibn sahib al-salat, historien officiel de la dynastie Almohade se serait un certain al-Hajj Ya'is qui est le créateur présumé de ces jardins comme d'autres réalisations almohades dont le plus illustre est la Koutoubia. Les bassins de l'Agdal et de la Ménara forment d'immenses réservoirs qui assurent l'irrigation des jardins et régularisent le flux des seguias, des khettaras et des précipitations atmosphériques. Entre autres fonctions de ces bassins, plusieurs activités ludiques y étaient pratiquées, comme l'entraînement et l'apprentissage de la natation aux soldats de l'armée almohade pour les préparer à la traversée de la Méditerranée vers al-Andalus. Les jardins de l'Agdal et de la Ménara connurent depuis les Almohades à nos jours des périodes de déclin et de renaissance, leur modèle grâce à l'ampleur qu'a connut l'empire almohade a été diffusé en Andalousie mais il inspira également le puissant sultan alaouite Moulay Ismail pour la création de l'Agdal de Mekhnès vers 1674, et plus tard, le Visir Bahmad (XIXe-XXe siècles) qui créa son propre Agdal à Marrakech.

La Menara

Avec le minaret de la Koutoubia, la Menara se dispute le titre du monument emblématique de la ville. La légende mêle romantisme et cruauté : construit sous le règne des Almohades, le bassin central est augments d'un jardin ceint d'une muraille en pisé de quelque 4km de longueur. Le pavillon aux airs presque toscans est bâti en 1886 : sous ses toitures pyramidales de tuiles vertes, se nouaient les intrigues galantes des sultans saadiens. L'un d'entre eux avait, dit-on, pour coutume de précipiter dans le bassin sa conquête de la nuit. Avis aux photographes : les tuiles vertes du pavillon se reflétant sur les eaux du bassin, et en arrière-plan, majestueuse, la chaîne du Haut Atlas... Ne manquez pas le clicheé du siècle. Aujourd'hui, cette immense oliveraie et son bassin d'irrigation forment un grand laboratoire botanique. Accès depuis Bab el-Jedid par l'Avenue de la Menara, en petit taxi, ou très agréable : en calèche. Accès au bassin gratuit. Visite du balcon du pavillon payante. Possibilité d'acheter quelques miches de pains rassis pour nourrir les carpes des bassins.

La palmeraie

La palmeraie de Marrakech, avec ses 14 000ha, et ses 100 000 pieds, était sans conteste la plus luxuriante du Sud marocain. Irrigués par un ingénieux système de canalisations souterraines alimentées par les nappes phréatiques, les jardins et les vergers abondaient entre les palmiers dattiers. Hélas la vétuste des canalisations, la terrible sécheresse de ces dernières années, et l'appétit sans cesse plus vorace des promoteurs immobiliers ont sérieusement endommage le site. Mais, avec un peu d'imagination, la promenade sur la petite route en lacets reste très agréable, spécialement aà la tombée du jour, ne serait-ce que pour s'évader un peu du bruit de la ville. Départ de Bab Doukkala. Circuit de 22km à effectuer en calèche. Compter de 2h a 3h de trajet et 200Dh la course.
Le jardin "Arsat Moulay Abdeslam"

Les jardins historiques sont plus que des jardins verts. Ils sont la mémoire vivante de cette relation privilégiée que les Marocains ont toujours entretenu avec leur environnement. Leur rénovation est un acte sacré, une contribution majeure à la préservation du patrimoine national vert. Le programme "Villes fleuries" s'inscrit dans un vaste plan de protection, de préservation, de réhabilitation des jardins historiques et de création d'espaces verts dans des zones à forte densité. Initié depuis quelques années par la Fondation Mohammed VI pour 'environnement, il vise, justement, à redonner leur splendeur d'antan à ces lieux magiques, parfois uniques mais souvent dans un état de délabrement avancé. La restauration de Arsat Moulay Abdeslam s'inscrit dans le cadre du programme des villes fleuries La restauration de Arsat Moulay Abdeslam est l'éclatante illustration de cet engagement sans failles pour des villes fleuries, action initiée grâce à l'implication personnelle de S.A.R. la Princesse Lalla Hasna, présidente de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement Les jardins historiques sont plus que des jardins verts. Ils sont la mémoire vivante de cette relation privilégiée que les Marocains ont toujours entretenu avec leur environnement. Leur rénovation est un acte sacré, une contribution majeure à la préservation du patrimoine national vert. Le programme "Villes fleuries", initié depuis quelques années par la Fondation Mohammed VI pour l'environnement, vise justement, à redonner leur splendeur d'antan à ces lieux magiques, parfois uniques et souvent dans un état de délabrement avancé. S.A.R. la Princesse Lalla Hasna avait, dès le départ, défini les lignes directrices de ce travail d'envergure qui ambitionne, entre autre, à "réhabiliter les jardins dans le respect de l'esprit de leurs fondateurs afin de les inscrire ultérieurement dans le réseau mondial des jardins historiques protégés, associer à chaque espace réhabilité un projet environnementale, ainsi que l'ouverture sur la modernité ; ouvrir les jardins réhabilités et les espaces qui leur sont associés à l'ensemble des couches de la population tout en les faisant participer au développement et à l'amélioration de l'offre touristique de notre pays et enfin mettre en place des organes autonomes et efficients pour la gestion et l'entretien des espaces réhabilités afin d'en assurer la durabilité et le développement ultérieur". La rénovation et la réhabilitation de "Arsat Moulay Abdeslam", en février dernier confirment, si besoin est, cette volonté de redonner vie et éclat, aux jardins historiques du Maroc. S'étendant sur huit hectares, Arsat Moulay Abdeslam avait été créé au XVIIIe siècle par un diplomate lettré et poète, fils du Sultan alaouite Sidi Mohammed Ben Abdallah. Ce "Prince aux centres d'intérêts multiples, érudit et amoureux des splendeurs de la nature, Moulay Abdeslam est également le fondateur, avec ses frères Moulay Mamoun et Moulay Mousa, de l'art des Arsat, considéré comme la référence esthétique en matière de jardins par ces princes", peut-on lire dans un ouvrage édité, à cette occasion, grâce au concours d'Itissalat Al Maghrib. Les auteurs de "Arsat Moulay Abdeslam ", le temps des jardins princiers à Marrakech "se sont, ainsi, attachés à remonter le fil du temps pour en extraire la quintessence d'un art séculaire que les Marocains ont cultivé avec passion et plaisir." "Les Marocains, par delà les tribulations de l'Histoire ont toujours fait du jardin l'un des fondements de leur civilisation…Séduits et fascinés, ne l'ont-ils pas reproduit, par delà même les jardins réels, en une riche variété de motifs et de styles, sur bois, sur plâtre, sur pierre, sur leurs tapis, leurs étoffes, leurs portes ou leurs plafonds ? Partout, le motif du jardin se décline comme un rêve de faste et de beauté, un avant goût du paradis conquis sur une nature inhospitalière…", nous explique Ouidad Tebaâ, universitaire et écrivain.

Mise en valeur de l'héritage

C'est dans cet espace, comme dans d'autres "Arsa" princiers du XVIIIe et XIXe siècle, qu'il y eut des représentations diplomatiques, des présentations des premières innovations technologiques introduites au Maroc et plus tard, de cadre pour les festivités populaires. Constitué de deux espaces, Arsat Moulay Abdeslam comprenait deux jardins superposés : celui imaginé et créé par le Prince Moulay Abdeslam et un autre, aménagé sous le protectorat, vers 1920. Une fois réhabilité et restauré, ce jardin a ainsi pu intégrer harmonieusement deux données essentielles : une mise en valeur de l'héritage historique existant et une ouverture sur le futur avec la création d'un espace d'exposition et de démonstration des technologies de pointe dans le domaine de la communication. Dédié à la détente et à la convivialité mais aussi à la découverte des nouvelles technologies de communication les plus récentes et à l'acquisition de savoirs via les nouveaux outils d'information, le cyber parc Moulay Abdeslam, dont la restauration a été possible grâce à la contribution de Maroc Telecom, comprend aussi un espace dédié à l'apprentissage des techniques Internet pour les enfants et un autre réservé aux adultes. Les nombreuses bornes interactives le long des allées sont une autre invitation pour accéder à sa base de données, naviguer sur Internet ou encore téléphoner. Ces bornes multimédias ont aussi l'avantage de permettre aux visiteurs de s'orienter à la fois dans le jardin et dans la ville, d'effectuer une visite virtuelle du jardin et même de fonctionner comme des guides en fournissant à celui qui les consulte des renseignements sur l'animation et l'actualité de la ville.

17 mois de travaux

Les travaux d'aménagement de cet espace qui ont duré 17 mois, ont porté notamment sur le réaménagement des espaces verts à travers l'élagage et le nettoyage de 450 arbres et la plantation de 200 palmiers, 500 arbustes et 680 orangers, citronniers et autres, la réalisation d'un nouveau système d'irrigation et la construction de bassins d'eau, et la réhabilitation du Parc via notamment le réaménagement des allées (13.000 m2 dans la partie Aarsat et 2.000 m2 de pavés autobloquants). Cet espace comprend aussi des kiosques, un amphithéâtre, des bancs et un espace d'animation, le tout dans un but de préserver le cachet traditionnel de ce jardin et de symboliser le Maroc actuel à la fois fier de son passé et tourné vers l'avenir.

Des mots pour dire les jardins

Marrakech est la cité-jardin par excellence. Dès l'origine, "le jardin" accompagne son mouvement d'urbanisation. Avec les almohades, dès le 12ème siècle, l'Agdal est conçu en même temps que la cité dont il est une composante essentielle, conçu à la fois comme un moyen de subsistance vital pour la ville mais aussi comme un havre de fraîcheur et de paix, de réjouissance et de contemplation car la sensualité et la spiritualité ne sont, absolument pas, ici, obligées de se distendre. "Arsat Moulay Abdeslam, le temps des jardins princiers à Marrakech" retrace l'historique des jardins de Marrakech et répertorie, tous les mots créés, au fil des ans et des siècles pour évoquer ce terme. On a relevé pour vous quelques-uns : Buhayra (petite mer). C'est un immense verger clos, doté d'un grand bassin, destiné à apporter une abondante provision d'eau pour l'irrigation des arbres fruitiers au milieu desquels des cultures intercalaires de légumes ou de légumineuse trouvent place". Agdal. C'est un pré réservé sur les rives d'un Oued entouré d'une enceinte en pierre. En fait, Buhayra et Agdal désignent un même objet. Ce sont des jardins impériaux qui se trouvent à proximité des Palais des Sultans. 'Arsa. Ce terme signifie en arabe classique la cour intérieure d'une maison et par extension, toute étendue vide et non construite. Une fois transformés en jardins, ces espaces ont gardé le nom d'Arsa. C'est un jardin irrigué, mais moins étendu que l'Agdal. Jnan (singulier, janna, paradis). Ce terme désigne un espace planté d'arbres fruitiers et de palmiers. Ce type de jardin doit nécessairement comporter des vignes et des palmiers, sinon, on l'appellera Hadîqa (ou enclos). Riyad (pluriel de Rawda et Rawd : parc ; cimetière). Ce nom désigne un beau parc (bustan).

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